Nuria Manzur-Wirth
poète pluridisciplinaire
Nuria Manzur-Wirth
poète pluridisciplinaire

Nuria Manzur-Wirth, poète pluridisciplinaire

C’est à Décal’quai, association et espace d’ateliers montreusien, que Nuria nous accueille. Dans cette vieille bâtisse qui regroupe bureaux, ateliers, espaces de vie et une salle de spectacle, Nuria dirige « Les Eaux Courantes », une compagnie de poésie vivante qui a pour buts la création de projets inter- et transdisciplinaires avec la poésie comme axe central. En tant que directrice artistique du projet, elle crée depuis 2019 des mises en scènes et des spectacles variés, en collaboration avec des artistes de la région issus de disciplines artistiques complémentaires (musiciens, photographes, vidéastes…).

« Décal’Quai est un lieu hyper stimulant, qui permet des échanges avec des personnes d’horizons très différents. Il y a une très belle synergie entre nous toutes et tous, et le fait d’organiser ensemble une programmation culturelle nous soude beaucoup. »

La transdisciplinarité, chez elle, semble évidente tant son identité culturelle est plurielle : née à Mexico d’un père libanais et d’une mère espagnole, ayant vécu notamment en Espagne, en Angleterre et aux Pays-Bas, et désormais à Vevey depuis 2014, Nuria Manzur-Wirth porte en elle un peu de chacune de ces expériences culturelles et linguistiques.

Si le médium de la langue ne fait donc aucun doute pour cette artiste polyglotte, qui a par ailleurs étudié et enseigné littérature et théâtre, sémiotique du cinéma et linguistique, l’intérêt pour la poésie remonte pourtant à ses plus jeunes années. C’est à la suite du décès de son frère, alors qu’elle a seulement 13 ans, que la poésie s’impose pour décrire le monde qui l’entoure.

À la manière de son univers qui, façonné par les différentes langues qu’elle parle, lui donne accès à des réalités et des significations alternatives, Nuria tente de nous offrir un miroir de cette expérience de pensée augmentée en modelant l’espace. Ainsi, les spectacles qu’elle propose dépassent largement les mots, transcendant la langue en l’associant aux sons d’instruments, à l’image et au mouvement dans l’espace, pour une expérience immersive totale. Des médiums artistiques complémentaires qu’elle classe dans la catégorie « poésie », sans hésitation aucune :

« À l’origine, le terme poièsis signifie puissance créatrice. On la retrouve à la base de tout art, quel que soit le medium. C’est la base de toute forme de création. »

À Vevey, Nuria a trouvé une forme de calme et de sérénité qui lui permettent de canaliser son trop plein d’idées. Elle mentionne également le sentiment de retenue propre à la Suisse, plus grand qu’ailleurs, comme un élément non-négligeable de son équilibre et de son focus actuels. Ses projets pour la suite ?

« Je ne sais pas encore. Mais j’ai envie de continuer à explorer la puissance subversive de la poésie comme un outil pour remettre en question les crises éthiques et sociales dans le corps même de la personne qui écrit, de la personne qui lit. »

Et de continuer de sortir de sa zone de confort – un concept qu’elle qualifie de véritable ennui ! – pour emmener son public avec elle en dehors des sentiers battus, vers une forme d’authenticité poétique, confortable ou non.

Crédits

Vidéo : societe-ecran media
Virgule sonore : Matthew Franklin
Photos : Sébastien Agnetti