Rahel Oberhummer
artiste pluridisciplinaire
Rahel Oberhummer
artiste pluridisciplinaire

Rahel Oberhummer, artiste pluridisciplinaire

Il y a quatre ans, Rahel Oberhummer a déposé ses valises à Roseville. Un lieu bien connu pour son escape-room, mais qui abrite en réalité bien plus que ce qu’il ne laisse paraître : accueillant artistes, plasticien·ne·s, ébénistes, musicien·ne·s et autres espaces de détente dans un décor de brocante, Roseville représente un environnement communautaire fourmillant de profils et de pratiques artistiques. Ce qui convient plutôt bien à cette artiste qui aime expérimenter et toucher à tout.

Après avoir étudié la communication visuelle, l’artiste originaire du Haut-Valais délaisse son ordinateur pour se tourner vers la matière vivante. Si ses projets ont en commun une même intention, celle d’observer les changements climatiques et les comportements de l’humain avec la nature, les médiums sont eux tout à fait imprévisibles.

« Je n’ai pas de médium de prédilection. C’est l’intention de chaque projet qui va déterminer le médium, ça me permet de toucher à tout. Et c’est à chaque fois un apprentissage complet, qui force à comprendre la matière, s’approprier de nouvelles techniques et donc beaucoup de challenges à surmonter. »

C’était notamment le cas du projet « Unearthed », présenté en exposition parallèle lors de la Biennale Images 2022, qui laissait voir des cultures de micro-organismes agrandis révélant des couleurs et des textures fabuleuses. Ce travail a permis à Rahel de découvrir les bases du travail en laboratoire, et de cultiver et manipuler elle-même ses microorganismes. Une révélation.

« En fait, il y a un parallèle assez intéressant entre la recherche scientifique et la pratique artistique : ça part d’une obsession pour un sujet à un instant T, qui débouche sur un processus de recherche lent tributaire des soutiens financiers, pour un résultat qu’on ne connaît pas à l’avance !»

L’intérêt pour la matière résonne fort avec l’intentionnalité de sa démarche, puisqu’elle est comme la nature, imprévisible et indomptable, forçant au lâcher-prise et à l’observation. On est donc peu étonné·e·s lorsqu’elle nous annonce qu’elle travaille actuellement le marbre, un medium qu’elle ne connait pas du tout. Rien de moins pour l’hommage aussi important qu’elle s’apprête à concevoir. Dans ce travail nommé « Traces of disappearance », elle choisit d’offrir à chaque glacier disparu une stèle mortuaire.

« Parfois une idée s’impose, et alors je me mets à étudier de A à Z le matériau qui me semble le mieux porter mon intention. Finalement, le choix de ce matériau a pris tout son sens puisque comme le glacier, le marbre est constitué de cristaux, et présente une dureté et une force en même temps qu’une incroyable fragilité. »

Une installation monumentale, qui vise à personnifier les plusieurs centaines de glaciers suisses disparus à ce jour, s’est déployée tout cet été sur la Piazza du Musée Historique de Berne, dans le cadre du programme « Regarder le glacier s’en aller » . Une composition à la symbolique forte, brute mais poétique, littérale mais abstraite, pour que chacun·e puisse y graver ses propres mots.

Et pour la suite ? Rahel se projette difficilement. Mais elle souhaite de créer, puisque c’est un besoin vital pour elle. Et son atelier à Roseville lui offre le cadre idéal qu’elle n’avait pas jusqu’alors, un lieu d’expérimentation qui lui permet de retravailler ses projets à travers d’autres angles, d’autres formes, d’autres processus, sans fin.

Crédits

Vidéo : societe-ecran media
Virgule sonore : Matthew Franklin
Photos : Sébastien Agnetti