Alain Huck
Artiste contemporain
Alain Huck
Artiste contemporain

Alain Huck

Son nom est l’un de ceux qu’on est habitué·e·s à lire sur les cartels d’exposition des grands musées suisses et européens, en légende d’œuvres au format monumental qui occupent largement l’espace.

Avant de devenir une figure suisse incontournable de l’art contemporain, Alain Huck (1957) a fait ses classes dans la campagne veveysanne.

D’une enfance passée à la campagne, à Blonay très exactement, avec un père horticulteur, il a aiguisé ses cinq sens à coups de construction de cabanes et de manipulation de la terre.

« De mon enfance, je garde une grande proximité avec la nature. Je crois que c’est ce qui a forgé ma sensibilité d’artiste. »

La mort de son père lorsqu’il a 10 ans le propulse hors de la période bénie de l’enfance. Le vide laissé par l’absence se transforme en nécessité de créer et l’oriente vers les Beaux-Arts de Lausanne.

Personnage immanquable de la scène artistique veveysanne, Alain Huck est l’un des co-créateurs du fourmillant espace d’art M/2. Ouvert en 1987, cet appartement de la rue des Deux-Marchés transformé en galerie dédiée à la création contemporaine accueillera près de 40 expositions en seulement 4 années de vie. Et ouvrira la voie aux suivants, en prémices de la ville d’images.

« On faisait tout, du montage des expositions au gardiennage, ce qui a permis une véritable rencontre entre les artistes de passage et les artistes locaux. »

Cet engagement lui a permis par ailleurs de questionner en profondeur le travail d’artiste et le rôle du montage d’exposition, par exemple. Une réflexion qui tombe à pic pour s’approprier ensuite les espaces immenses d’institutions muséales telles que le Musée Jenisch (« Excuse me… », 2006), le MAMCO à Genève (« La chair nuit – L’espèce de chose mélancolie », 2009) ou prochainement le Musée Cantonal des Beaux-Arts à Lausanne (« Respirer une fois sur deux », 2025).

Dès ce jeudi, Alain Huck présente « Respirer une fois sur deux », une exposition monographique dans l’institution lausannoise. Si on y retrouvera une collection retraçant près de 30 ans de création, la manière dont les œuvres ont été agencées dans les trois grandes salles du MCBA est, elle, exclusive. Et pour l’artiste, plus qu’une rétrospective, la volonté première était de faire émerger des significations nouvelles par la mise en relation de ses œuvres.

« La plupart des œuvres ont été vues, d’où la dimension rétrospective, mais certains travaux sont nouveaux. Ma réflexion a porté sur le choix des œuvres et leur agencement, pour que ça fasse sens. »

Et le titre, alors ? Pour Alain, les titres sont un moyen de présenter au public un niveau de lecture différent. Que ce soit dans ses œuvres, ses expositions ou encore ses textes, le choix des mots vise à refléter un sentiment d’anxiété permanente face à l’état du monde.

Pour cette exposition, Alain Huck s’est laissé guider par une sensation d’apnée. Car c’est dans ce souffle suspendu, temps mort entre les mots, que le dialogue prend forme.

Avec « Respirer une fois sur deux », il cède pleinement à cette apnée et nous offre le privilège du décalage : un pas de côté salutaire, suspendu entre les royaumes du mort et du vivant, là où l’esprit est capable de voir au-delà des apparences.

Crédits

Merci au Musée cantonal des Beaux Arts (MCBA) de nous avoir ouvert ses portes durant le montage de l’exposition. Exposition à découvrir du 12 juin au 7 septembre 2025

Vidéo / Interview : societe-ecran media / Elena Gilardoni
Photos : Sébastien Agnetti
Ressources : Alain Huck, Catherine Monney