Carte blanche
NANA
Carte blanche
NANA

Carte blanche 2025 à NANA

Carte blanche 2025 à NANA

Chaque année, au travers d’une carte blanche, un·e artiste veveysan·ne est invité·e à proposer un projet artistique illustrant son regard sur sa ville. En écho aux interventions et expositions dans l’espace public, le projet habille les en-têtes du site, comme une galerie virtuelle.

En 2025, la carte blanche prend la forme d’un laboratoire d’exploration artistique et s’ouvre à de nouveaux médiums, en encourageant toutes formes d’interactivité et de résonances sociales. Cette année, c’est l’artiste finno-veveysanne NANA qui a été mandatée pour s’emparer de l’espace public. Avec espièglerie, décalage et poésie, elle laisse parler son enfant intérieur.

Née à Helsinki, Nana Sjöblom dite NANA grandit dans un quartier alternatif et populaire, berceau de sous-cultures et scène du graffiti de la capitale finlandaise. Elevée dans l’idée que l’espace public appartient à celles et ceux qui l’habitent, elle explore les médiums et fait de la rue son terrain de jeu, en testant ses limites.

Formée à la HEAD à Genève, mais inspirée par les paysages de son enfance, l’artiste développe un style marqué par les formes et les couleurs, comme en témoignent ses nombreux travaux en illustration, en graphisme ainsi que ses installations. Aplats colorés et symboles ; mots doux et géométries ; idéaux et pastels… Dans un univers qui pourrait sembler enfantin au premier abord, où les arts visuels sont au service d’une poésie sous-jacente, c’est pourtant avec ferveur qu’elle déclame ses idéaux de révoltée anticonformiste.

Avec le projet « HOMO LUDENS », NANA plonge aux racines de la vie en se réappropriant la forme sphérique, qui métaphorise à la fois le cycle et l’année, mais aussi, en physique nucléaire, la base de toute chose : l’atome, noyau de vie, générateur de continuité et d’éternité, particule d’existence. À travers un objet inoffensif que tout le monde connaît, à la fois vecteur de joie et de lien tactile, NANA redonne un souffle à nos échappées quotidiennes.

Les objets choisis par NANA flotteront au sol, dans les airs, dans l’eau peut-être, traverseront la ville sur son dos, ré-insuffleront la vie autour de nous. Inspirez, expirez, gonflez vos poitrines et vos âmes. Tout au long de l’année, laissez-vous prendre au jeu d’une artiste qui vous veut du bien, au fil d’interventions qui se situent à la croisée entre installation, performance et déambulation artistique.

Piscine de Vevey-Corseaux Plage

Salle del Castillo

Cirque Knie

« Tout a commencé à l’époque où je passais mon temps avec ma grand-mère, qui était marin. Survivante des deux guerres mondiales et une fervente partisane de la liberté, elle savait tirer le meilleur parti de chaque situation. Avec un perroquet lanceur d’insultes juché sur son épaule, elle m’a appris à lire l’avenir dans les cartes. En jonglant nonchalamment avec des mandarines, elle m’a parlé de la réincarnation des âmes. Chaque jour avec elle était une aventure imprévisible.
Un jour, elle m’a emmenée nourrir les chevaux dans un campement de gitans installé non loin de la maison. Quelques années plus tard, à 7 ans, je rentrais de l’école quand j’ai vu un cortège de caravanes s’installer sur ce même terrain. Je suis allée fureter autour du camp afin de comprendre ce qui se tramait. Et c’est là que j’ai découvert un univers fascinant, tout de lumières et de couleurs, une tribu d’adultes déterminés à jouer, avec un mode de vie nomade dans lequel je me suis instantanément sentie comme à la maison.
Timide mais bien décidée à rejoindre leur groupe, je me suis approchée d’un homme au turban, dont la moustache n’avait rien à envier à Salvador Dali. Il s’est avéré que j’avais devant moi le fakir de la troupe de cirque. Outre son aptitude à s’enfiler des clous de 10 centimètres dans le nez et autres joyeusetés, on s’est tout de suite bien entendus. L’étincelle au fond des yeux, il m’a tendu une fourche et j’ai nettoyé le crottin de cheval. J’ai pris très au sérieux ce travail et j’ai nettoyé tous les box avec rigueur, ramené du foin propre. Une fois mon dur labeur terminé, le fakir a soulevé l’ourlet de la tente pour me laisser assister au spectacle.
Depuis ce jour, pendant toute une semaine, je rejoignais le cirque après l’école pour assister au spectacle en échange de mes bons services. Jusqu’à me retrouver dans un numéro, sur le dos d’un cheval au galop. »

Serres de la ville

Pour clôturer ce projet artistique, l’artiste s’est rendue dans deux lieux qui, intentionnellement ou non, symbolisent parfaitement sa quête autour de la dualité.

Il existe à Vevey un lieu merveilleux et bien gardé, qui abrite sous ses parois de verre des petits miracles de vie, rendus possible grâce à un savoir-faire et une attention méticuleuse : les serres de la ville.

Là, sur plusieurs kilomètres, les plantes étirent leurs longs membres, qui se transforment en silhouettes oniriques et majestueuses contre les parois de verre. Hirsutes, sauvages, élancées, coquettes… toutes défient les lois de la gravité pour danser avec le soleil. Bien ancrés dans le sol, leurs orteils remuent, bienheureux. Et chaque jour, toujours plus sûres et vigoureuses, leurs racines se rapprochent des entrailles de la terre.

Avec leur rebond continuel, les ballons aussi créent des ponts ; entre un point de départ et une destination, entre l’appartenance et la liberté, entre l’homme et la nature, entre corps et esprit, entre matérialité et spiritualité, entre ciel et terre. D’un côté à l’autre de la trajectoire, il n’y a qu’un fil, sur lequel NANA danse malicieusement pour nous offrir ces instants de grâce à couper le souffle.

NANA a proposé tout au long de l’année différentes interventions dans l’espace public. Retrouvez le résultat de ses interventions ci-dessous.

Et, si vous la croisez dans son pèlerinage poétique, n’hésitez pas à engager la conversation ou à la prendre en photo ! #trouveznana #homoludens